Cadre métallique ou cadre en bois ?
- Patrick Laviosa
- 4 nov.
- 3 min de lecture
La plupart des gens ont entendu parler des pianos à cadre en bois et de ceux à cadre métallique.
L’idée la plus répandue est que le cadre métallique serait « de meilleure qualité » que le cadre en bois.
Mais, au-delà de ce jugement, connaissez-vous vraiment les différences entre les deux ?
Dans cet article, je reviens sur leur histoire, leurs caractéristiques respectives et la réalité de ce qu’on trouve aujourd’hui.

Aux origines, le cadre en bois
Lorsque le piano est conçu au XVIIIe siècle, son cadre est entièrement en bois, comme sur tous les instruments de l’époque. Certains documents du XIXe siècle racontent l’existence de pianos étonnamment stables, mais la vérité est plus nuancée : un cadre en bois ne tient pas sur la durée. Le bois « joue », il travaille avec l’humidité et la température. Cette matière vivante n’offre pas la robustesse nécessaire pour supporter la tension gigantesque exercée par les cordes.
Pour donner un ordre d’idée, chaque corde exerce une traction d’environ 80 kg sur ses points d’attache. Multiplié par le nombre total de cordes, on atteint facilement près de 20 tonnes de tension sur l’ensemble du cadre d’un piano. Même les bois les plus durs ne peuvent rivaliser longtemps avec une telle contrainte.
L’arrivée du métal
Au XIXe siècle, l’essor de l’industrie et les découvertes scientifiques ouvrent la voie à de nouveaux alliages. L’acier, par sa dureté presque incassable et sa stabilité exceptionnelle, s’impose peu à peu.
Les premiers essais donnent naissance à des cadres semi-métalliques : des panneaux de bois reliés par des barres ou plaques de métal, plus solides que le tout-bois. Ces modèles atteignent un haut niveau de perfection, mais la suite logique finit par s’imposer.

Babcock y avait pensé dès 1825, mais c'est vers la fin du XIXe siècle que se généralise l'idée de couler le cadre entier d’un seul bloc en fonte d’acier. À partir de ce moment, les pianos gagnent une stabilité inédite. On peut enfin les accorder une fois par an, alors qu’auparavant il fallait presque un accord à chaque utilisation, comme pour une harpe ou une guitare.
Depuis les premiers cadres en acier moulé du XIXe siècle, les compositions d’acier ont évolué, en jouant sur le pourcentage de carbone, mais le principe reste le même : les cadres modernes sont les descendants directs de ces premiers modèles.

Et aujourd’hui ?

Il existe encore quelques pianos anciens à cadre en bois. Mais, la plupart du temps, ils sont devenus inaccordables. On peut parfois obtenir un accord temporaire, mais le bois du cadre s’est déformé, les chevilles ont joué dans leur sommier, et l’accord ne tient plus. La plupart de ces instruments ne peuvent plus être utilisés autrement que comme meuble ou objet décoratif.
Lorsque je me trouve face à un tel piano, il m’arrive de l’annoncer avec une certaine émotion, presque comme on annonce un décès dans une famille : « Madame, votre piano n’est plus accordable. Il va falloir envisager de vous en séparer… ou de le conserver comme un beau meuble, un présentoir à photos. »
En résumé
Le passage du bois au métal a été une révolution décisive.
L’acier a permis au piano de devenir l’instrument stable que nous connaissons, capable de supporter des dizaines de tonnes de tension et de rester accordé pendant des mois.
👉 Si vous possédez un ancien piano ou si vous souhaitez en savoir plus sur l’état de votre instrument, n’hésitez pas à me contacter.
Je pourrai vous guider pour évaluer sa valeur, sa réparabilité, ou simplement vous aider à décider de la meilleure manière de le conserver.



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