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Votre clavier est-il bien tempéré ?

  • Photo du rédacteur: Patrick Laviosa
    Patrick Laviosa
  • 19 juil.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 oct.

D’abord… qu’est-ce qu’un tempérament ?

Le mot peut surprendre, mais ici, il ne s’agit pas de caractère humain : un tempérament désigne une manière d’accorder les notes entre elles. Et quand on parle de tempérament égal ou de clavier bien tempéré, on évoque des façons d’organiser les intervalles dans l’échelle des sons.


Sons simples, sons complexes

Un son musical n’est jamais pur : il est composé d’un son fondamental (la note que l’on perçoit) et de plusieurs sons harmoniques, plus aigus, qui colorent le timbre. Ces harmoniques suivent des règles précises. Par exemple, lorsque l’on joue un do, on entend facilement la troisième harmonique qui correspond à un sol. Et si l’on joue ce sol, on entend sa troisième harmonique qui sera un ré. Ces successions sont appelées des quintes. Pythagore avait déjà découvert ce phénomène, au VIe siècle avant J.-C.


Pythagore et son monocorde
Pythagore découvrant les quintes harmoniques...

L’ennui avec les quintes parfaites…

Si l’on avance de quinte en quinte, en suivant cette logique naturelle, on finit par faire le tour du clavier : douze quintes nous ramènent (en principe) à la note de départ.

Mais… pas tout à fait ! 😶

Le dernier do (en réalité un si#) est un peu plus haut que le premier. Ce minuscule écart, appelé comma pythagoricien, suffit à créer un déséquilibre perceptible à l’oreille.

Résultat : si l’on veut que tout sonne juste, on est obligé de faire des compromis.


L’art du compromis : les tempéraments

Au fil des siècles, les musiciens et facteurs d’instruments ont imaginé de nombreux tempéraments pour répartir ce désaccord. Certains gardent les quintes très justes, au prix de tierces très fausses. D’autres priorisent les tierces, ou équilibrent les écarts…

Chaque solution donne à chaque tonalité une saveur particulière, une couleur unique.

Il existe des dizaines de ces tempéraments dits « inégaux » : mésotonique, Werckmeister, Vallotti, Young, et bien d’autres...


Le tempérament égal : une solution moderne

À partir du XIXe siècle, un tempérament a fini par s’imposer : le tempérament égal.

Son principe est simple et mathématiquement irréprochable : On divise l’octave en 12 demi-tons parfaitement égaux, on répartit équitablement le fameux comma pythagoricien sur chacun des demi-tons, en ajoutant ou en retranchant des multiples de racine douzième de 2.

– Oups ! J’avais dit que je n’entrerais pas dans les détails techniques !  🤭

Avec le tempérament égal, aucune quinte n’est harmoniquement juste, ni aucune tierce, mais toutes les tonalités sonnent de la même façon. C’est ce que nous utilisons aujourd’hui sur tous les pianos modernes.


Le revers de la médaille ?


Le célèbre Prélude de Bach (BWV 846) qui ouvre le Clavier bien Tempéré.
Le célèbre Prélude de Bach (BWV 846) qui ouvre le Clavier bien Tempéré.

Le tempérament égal est mathématiquement imparable, mais certains musiciens le trouvent trop lisse, trop uniforme. Il gomme les différences naturelles entre les tonalités, alors que dans les tempéraments anciens, chaque ton avait un caractère, une tension, une expressivité propre.


Et le « Clavier bien tempéré », alors ?

Contrairement à ce qu’on croit souvent, le Clavier bien tempéré de J.-S. Bach ne désigne pas un clavier au tempérament égal ! Le tempérament utilisé n’est pas connu avec certitude, mais il s’agissait d’un tempérament inégal (probablement Werckmeister), choisi pour permettre de jouer dans toutes les tonalités, tout en conservant les contrastes expressifs entre elles.

C’est toute la richesse de ce recueil génial : il montre que, même avec des compromis, la musique peut rester harmonieuse dans toutes les tonalités.


En résumé

  • Un tempérament est une façon de répartir les intervalles entre les notes.

  • Le tempérament égal divise l’octave en 12 parties parfaitement égales.

  • C’est le système utilisé aujourd’hui, mais d’autres tempéraments anciens offrent des couleurs plus variées.

  • Bach n’utilisait pas le tempérament égal, mais un tempérament bien… tempéré !


👉 Et si vous avez des questions…

Je serai ravi d’en discuter avec vous… et, bien sûr, de venir accorder votre piano selon ses besoins ! N’hésitez pas à me contacter via la page contact.

 
 
 

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