De quel bois est fait le piano ?

Tout le monde sait que le piano est un instrument en bois, mais peu de personnes savent vraiment quels bois le composent, où ils sont utilisés et pourquoi. Pourtant, chaque essence choisie joue un rôle crucial, tant dans la solidité, la mécanique, que dans la qualité sonore et l’esthétique de l’instrument.

Dans cet article, nous allons explorer les bois qui entrent dans la fabrication d’un piano, du cœur de la table d’harmonie jusqu’au meuble qui l’enveloppe, en passant par toutes les pièces intermédiaires.

Découvrons ensemble de quel bois est fait le piano.

L'épicéa

L’épicéa : le roi de la table d’harmonie

Depuis toujours, l’épicéa est le bois privilégié pour fabriquer la table d’harmonie du piano. Cette pièce maîtresse, située juste sous les cordes, est essentielle car elle amplifie et diffuse les vibrations des cordes en sonorités riches et puissantes.

Pourquoi l’épicéa ? Parce que c’est un bois tendre, léger, mais incroyablement résistant à la compression longitudinale. Sa structure fibreuse régulière permet une transmission optimale des vibrations, ce qui donne au piano son caractère sonore unique. On le choisit généralement en planches très longues, issues des régions froides du Nord, où la croissance lente du bois garantit une densité et une qualité acoustique exceptionnelles.

Bois tendres et bois durs : deux familles, deux fonctions

Les bois tendres

Les bois tendres, comme l’épicéa, le sapin, le tilleul ou le peuplier, sont légers et souples. On les utilise principalement pour les pièces où la légèreté et la transmission du son sont prioritaires.

• Épicéa : table d’harmonie principalement ;

• Tilleul et peuplier : ces bois servent souvent à fabriquer les touches ou les éléments mécaniques, là où la légèreté est un avantage : les manches de marteaux, par exemple.

• Sapin : surtout utilisé pour les touches, notamment dans des modèles plus anciens ou d’entrée de gamme ;

Toutes ces essences sont choisies pour leur légèreté, qui facilite la réactivité mécanique.

Les bois durs

Les bois durs sont plus lourds, plus résistants et plus stables dans le temps. Ils sont essentiels dans la structure interne du piano et dans les parties mécaniques : l'âme des marteaux, la noix des marteaux, etc.

• Érable : utilisé pour la ceinture du piano à queue, les chevalets et le sommier, car il résiste très bien aux fortes tensions des cordes ;

• Hêtre : employé pour les pièces mécaniques, la ceinture dans certains pianos, et parfois aussi dans les multiplis qui composent le sommier de chevilles.

• Chêne, frêne, charme : en plus des éléments déjà cités, ils sont souvent présents dans les moulures, les montants ou des pièces spécifiques qui demandent solidité et stabilité.

• Bois précieux (noyer, acajou, merisier, palissandre, ébène) : utilisés surtout pour le meuble, les placages et les parties décoratives. Ces bois nobles apportent une belle esthétique et une résistance durable.

  
  

Le meuble : entre art, technique et tradition

Séchage du bois en plein air...

Le meuble du piano, c’est-à-dire sa structure extérieure, est un vrai chef-d’œuvre d’ébénisterie. Les essences et les techniques utilisées pour le fabriquer ont beaucoup évolué au fil des siècles.

Historiquement, on utilisait principalement des bois massifs nobles : noyer, merisier, acajou, palissandre… Ces bois étaient soigneusement sélectionnés, séchés pendant plusieurs années, et travaillés avec patience. Les finitions à la gomme-laque ou vernis naturel révélaient leurs magnifiques veinures.

Aujourd’hui, parce que beaucoup de ces espèces sont désormais protégées, mais aussi pour des raisons de coût et de stabilité, le meuble est souvent construit en contreplaqué ou bois lamellé-collé, essentiellement en érable, hêtre ou peuplier, qui assure une bonne résistance aux déformations. Ce socle est ensuite recouvert d’un placage très fin d'un bois aux qualités esthétiques, ou bien d’une finition laquée en polyester noir pour les modèles classiques.

La ceinture du piano à queue : un exemple de savoir-faire technique

La ceinture, cette large bande qui fait le tour du piano à queue, est fabriquée en bois lamellé-collé. Des fines couches d’érable ou de hêtre sont collées entre elles, puis courbées sur un moule qui reproduit exactement la forme du piano. Ce procédé garantit une stabilité maximale, malgré la forte tension exercée par les cordes.

Le bois est mouillé avant d’être plié et pressé, puis il est séché lentement, en étuve. Cette méthode garantit que la ceinture conserve sa forme et sa résistance pendant des décennies.

Quelques merveilles anciennes

Dans les pianos anciens, on trouve parfois des bois rares ou des marqueteries somptueuses, dont les noms font rêver : érable frisé, noyer flammé, citronnier, ébène de Macassar… Ces instruments sont autant des œuvres d’art que des machines musicales, et la qualité du bois y joue un rôle esthétique aussi important que technique.

De nos jours, beaucoup de ces essences sont interdites à la vente, mais il arrive encore, pour certains pianos de prestige, que des fabricants utilisent des variétés rares et précieuses, comme ce très beau Schimmel en ébène blanc.

Tableau récapitulatif des bois du piano

Essence	Type	Usage principal	Pourquoi ?
Épicéa	tendre	Table d’harmonie	Légèreté, transmission sonore
Sapin	tendre	Touches, structure interne	Légèreté, économique
Tilleul	tendre	Touches, pièces non structurelles	Légèreté, facilité de travail
Peuplier	tendre	Parties internes	Économique, léger
Érable dur	dur	Ceinture, sommier, chevalets	Résistance, stabilité
Hêtre	dur	Pièces mécaniques, ceinture	Solidité, durabilité
Chêne	dur	Moulures, montants	Solidité, résistance
Frêne	dur	Manche de marteaux, garnitures	Résistance aux chocs
Noyer	dur	Placages, meuble	Esthétique, solidité
Acajou	dur	Placages, meuble	Esthétique, noble
Palissandre	dur	Placages de luxe, marqueteries	Grain fin, résistance
Ébène	dur	Touches noires	Densité, esthétique

En bref

Le piano est un mélange subtil de bois tendres et durs, choisis selon leur rôle dans la mécanique, l’acoustique ou l’esthétique. L’épicéa reste la star incontestée pour la table d’harmonie, tandis que des essences solides comme l’érable ou le hêtre garantissent la résistance des parties structurelles.

Le meuble, lui, est un équilibre entre tradition et modernité, entre bois massifs nobles et techniques industrielles sophistiquées.

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