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Peut-on accorder son piano soi-même ?

  • Photo du rédacteur: Patrick Laviosa
    Patrick Laviosa
  • il y a 2 jours
  • 3 min de lecture

Un bricoleur fou, armé d'une clé d'accordeur, veut accorder un piano
Lisez l'article avant d'essayer ! 😂

Tous les instruments à cordes doivent être accordés régulièrement. Certains plusieurs fois par jour (comme la guitare), d’autres seulement une fois par an.

La plupart des musiciens accordent eux-mêmes leur instrument : guitaristes, violonistes, et même harpistes et clavecinistes…

Le piano, lui, fait figure d’exception : c’est quasiment le seul instrument à cordes qu’un musicien ne peut pas accorder lui-même. Il faut faire appel à un professionnel formé.

Pourquoi ?

 

La difficulté technique

Si l’on compare :

  • le violon compte 4 cordes ;

  • la guitare 6 ;

  • certains luths vont jusqu’à une vingtaine ;

  • la harpe classique possède 47 cordes ;

  • les clavecins environ une centaine (c’est très variable) ;

Le piano, lui, comporte entre 220 et 250 cordes, réparties sur près de huit octaves.

Il faut parvenir à coordonner toutes les cordes de l’instrument, ajuster chaque note à la bonne hauteur et obtenir un ensemble harmonieux et stable.

Chaque demi-ton doit être rigoureusement égal à tous les autres, et la moindre erreur, même infime, se répercuterait par octaves sur tout le clavier, s'amplifierait et finirait par donner un résultat catastrophique.

Les 250 cordes d'un piano à queue
Un piano comporte jusqu'à 250 cordes...

Graves, aigus et sensibilité de l’oreille

Tous les autres instuments à cordes s’accordent dans les médiums, ou à une hauteur accessible.

Au fur et à mesure que l’accordeur de piano avance, il rencontre des zones où l’oreille non entraînée est vite perdue.

Dans les graves, les sons sont très difficiles à identifier.

Hormis le piano, aucun instrument ne requiert l’accord de notes aussi graves que le La0 (et même de notes beaucoup plus grave, dans le cas de certains Bösendorfer ou des pianos Paulello).

Dans les aigus, le problème inverse se pose : les fréquences sont très élevées et il faut autant se fier à la sensation qu’à son oreille.

Dans les deux cas, la difficulté technique est colossale ; il faut des années de métier pour parvenir à un résultat harmonieux et homogène d'un bout à l'autre du clavier.

 

Un technicien, pas seulement un accordeur

Par ailleurs, l’accord n’est qu’une partie du métier. L’accordeur est en réalité un technicien de piano.

Il connaît parfaitement l'anatomie de l’instrument : il sait intervenir sur tous les modèles, anciens ou modernes, dont la mécanique et les réglages peuvent être très différents. En plus d’accorder, il sait réparer des pannes, régler chaque élément de la mécanique (marteaux, étouffoirs, clavier…), et même évaluer l’état d’un instrument ou conseiller lors de l’achat.

En somme, l’accord est la partie émergée de l’iceberg.

C'est un peu comme un garagiste : vous allez le voir pour votre vidange, mais il est aussi capable de réparer n’importe quelle partie de la voiture et de diagnostiquer des pannes, y compris les mieux cachées.


L’oreille absolue : une idée fausse

Beaucoup de gens pensent qu’il faut avoir « l’oreille absolue » pour accorder.

L’oreille absolue consiste à reconnaître une note sans référence, comme on reconnaît les couleurs. C’est très utile dans certains contextes (chant a cappella, direction de chœur), mais pas pour accorder un piano.

Accorder repose sur une oreille relative, capable d’évaluer la concordance entre deux harmoniques et de mesurer la vitesse des battements entre elles (légère pulsation quand deux notes ne sont pas parfaitement justes).

D’ailleurs, on peut être accordeur sans être pianiste ou musicien : ce qui compte, c’est l’entraînement spécifique de l’oreille technique.


Comment devient-on accordeur ?

Pendant longtemps, la formation s'est faite de maître à apprenti, souvent de père en fils.

Mais depuis les années 1960, des écoles spécialisées ont vu le jour dans le monde entier.

En France, hormis l’INJA (réservé aux personnes aveugles), il existe une seule école : l’ITEMM (Institut Technologique Européen des Métiers de la Musique), au Mans.

(C’est là-bas que j’ai étudié et que j'ai obtenu mon diplôme.) 🧑‍🎓

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Conclusion

Accorder un piano soi-même, sans formation approfondie et sans matériel adapté, est pratiquement impossible. Ce n’est pas une question de « talent caché » ou d’oreille exceptionnelle : c’est un savoir-faire technique, précis et long à acquérir, le résultat de plusieurs années d’expérience.

Pour préserver votre instrument (et vos oreilles !), mieux vaut confier cette tâche à un professionnel qualifié. 😁


👉 Contact

Pour toute question sur l’accord, l’entretien ou le réglage de votre piano, n’hésitez pas à me contacter !

 

 
 
 

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